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Frais modestes et potentiel d’augmentation de l’efficacité

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Laurent Schlaefli Directeur Profond,
Président inter-pension

Le montant des frais de gestion de fortune des fonds économisés individuellement dans le cadre du deuxième pilier échauffe régulièrement les esprits. Une vérification montre que ces coûts sont raisonnables en termes relatifs ainsi que sur le plan de leur évolution dans le temps. Il n’en reste pas moins qu’il reste encore un potentiel inexploité pour les abaisser – en particulier dans les domaines administratifs des institutions de prévoyance.

Dans la prévoyance professionnelle, le niveau des frais de gestion de fortune ne cesse de générer des critiques. Tel a été le cas une nouvelle fois l’année passée après la parution de l’étude Swisscanto sur les caisses de pension. Les frais de gestion de fortune regroupent toutes les dépenses encourues pour la gestion des capitaux, qu’elle soit externe ou interne, directe ou indirecte, y compris les commissions de transaction et de dépôt. La sensibilité envers ces frais est élevée, car la fortune gérée par les caisses de pension représente des capitaux que les assurés ont gagnés et économisés à la sueur de leur front. Bien que les frais liés à la gestion d’un total de plus de 1’000 milliards de francs d’actifs atteignent environ 5 milliards de francs, ce qui est un chiffre absolu considérable, les frais moyens par rapport à la valeur globale ne dépassent pas 0,5% par an (en 2021 selon l’étude Swisscanto 2022 sur les caisses de pension).

La base des frais dépend de l’allocation des actifs

Les frais de gestion de fortune varient selon la stratégie d’allocation des actifs. Les fortunes placées en actions ou en obligations coûtent généralement entre 0,02% et 0,3% par an, alors que les portefeuilles immobiliers sont plus chers et atteignent souvent au moins 0,4%. Quant aux investissements alternatifs tels que hedge funds, private debt, private equity et investissements en infrastructures, ils gagnent en importance sur le plan de la répartition des risques, mais présentent des coûts plus élevés de 1,5% à 6% par an. En effet, leurs charges administratives sont infiniment plus lourdes que celles d’un dépôt d’actions. Dans le même temps, les placements alternatifs augmentent généralement les espoirs de rendement. Précisément dans l’environnement de marché turbulent de l’année 2022, c’est grâce à la performance des placements alternatifs que le rendement négatif a pu être quelque peu atténué.

Une étude internationale de McKinsey datant de 2020 montre que dans la période de comparaison allant de 2008 à 2018, les caisses de pension canadiennes ont subi des frais moyens de gestion de fortune atteignant en général 0,55% et donc supérieurs à ceux des caisses suisses qui n’étaient que de 0,48%, parce qu’elles investissaient davantage dans les placements alternatifs. Les caisses hollandaises, qui investissent surtout en emprunts et en actions, avaient des coûts plus faibles de 0,42%. Mais il n’est guère judicieux de se concentrer exclusivement sur les frais. Il est bien plus important de se focaliser sur le rendement net escompté, qui présente la performance des placements après déduction des frais. C’est pourquoi il est bon que le conseil de fondation d’une caisse de pension s’appuie sur le rendement net et non sur le rendement brut pour choisir sa stratégie d’allocation des actifs.

En résumé, on peut dire que l’allocation stratégique des actifs des caisses détermine le niveau des frais de gestion de fortune. L’art consiste à suivre une stratégie d’allocation des actifs individuelle, adaptée à sa propre capacité de risque, à la fois optimisée sur le plan des frais et largement diversifiée, et qui préserve les chances de rendements excédentaires.

Le numérique diminue les frais

Il existe notamment un potentiel de baisse des frais dans le domaine administratif, c’est-à-dire celui des frais administratifs généraux. Ceux-ci englobent tous les frais internes ou externes encourus pour la gestion des destinataires ainsi que pour les expertises, la révision et la surveillance. Selon l’étude Swisscanto 2023 sur les caisses de pension, les frais administratifs généraux s’élèvent en moyenne à 327 francs par destinataire. Malgré l’intensification de la réglementation, les frais administratifs moyens par destinataire n’ont pratiquement pas changé en dix ans. Selon l’étude Swisscanto 2014 sur les caisses de pension, les frais administratifs généraux s’élevaient à 319 francs par personne en moyenne en 2013.

Le potentiel d’économies sur les frais administratifs généraux réside dans l’optimisation des processus et des interfaces, en particulier si l’assuré change d’institution de prévoyance. Actuellement, la branche n’a pas encore atteint le niveau de numérisation et d’accroissement de l’efficacité qui serait possible. Pourtant, le potentiel existe.

Illustration 1 : Évolution des frais administratifs généraux moyens de 2013 à 2022

Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), 19,4% des personnes qui exerçaient une activité lucrative dans notre pays en 2021 ont quitté leur emploi en un an. Elles ont changé de poste (12,8%), perdu leur travail ou quitté le marché de l’emploi (6,6%). Cela signifie que pour un total d’environ 5,2 millions de personnes exerçant une activité lucrative (situation fin 2021), plus de 600’000 personnes ont changé d’employeur.

L’avenir des caisses de pension passe
par l’amélioration de leur efficacité
et par leur perfectionnement permanent.

Ces changements et l’échange d’informations entre les caisses de pension continuent à se faire manuellement et selon des procédures qui ne sont pas uniformisées. L’introduction de processus numériques standardisés et leur application à toute la branche présente un potentiel d’abaissement des coûts considérable. En coopération avec d’autres associations, la communauté d’intérêts des institutions de prévoyance autonomes collectives et communes, inter-pension, est en train d’élaborer un standard pour toute la branche. Son but est une solution au niveau sectoriel qui automatise le transfert de données personnelles et de fortunes de prévoyance individuelles. Il convient de trouver des solutions rapides, notamment face à l’aggravation de la pénurie de personnel qualifié.

Frais des conseils indépendants

S’agissant de la critique visant les frais administratifs, le rôle des courtiers et des intermédiaires devrait également être pris en considération, étant entendu que la responsabilité en matière de conseils et d’assistance indépendants réside auprès de la commission de prévoyance du personnel. Ce printemps, une analyse de l’association des courtiers romands a montré qu’il existait encore des différences de rémunération entre les institutions. Les employeurs et les travailleurs payent à l’institution de prévoyance une indemnité pour la prise en charge et les conseils de leur courtier, que celle-ci reverse au courtier. Comme les courtiers, en vertu de l’art. 48k OPP2, ont des obligations d’information à l’égard de la commission de prévoyance du personnel, les reproches adressés aux institutions de prévoyance sont infondés. La commission de prévoyance du personnel peut décider si elle a besoin ou non de conseils et d’assistance indépendants.

Se lancer dans le numérique et améliorer l’efficacité

Malgré la complexité croissante, les frais administratifs généraux sont stables depuis des années. Les frais de gestion de fortune des caisses de pension sont faibles par rapport à la fortune gérée et comparables au niveau d’autres pays. Au lieu de débattre unilatéralement des frais, comme on le fait actuellement, il faudrait plutôt se concentrer sur l’optimisation de la performance nette des caisses de pension. Les critiques devraient y réfléchir et tenir compte des points forts du système de prévoyance suisse.

L’avenir des caisses de pension passe par l’amélioration de leur efficacité et par leur perfectionnement permanent afin de garantir à long terme la sécurité financière des assurés. À l’heure actuelle, l’automatisation de l’échange de données entre les caisses de pension devrait être prioritaire. C’est pourquoi inter-pension collabore avec d’autres associations à une solution dans ce sens.