La présentation des chiffres de performance sur les dix dernières années évoque quelque peu les montagnes russes.
Dans un esprit d’optimisme, on relèvera que, sur cette période, les valeurs moyennes n’ont été affectées d’un signe négatif que deux fois à peine : en 2011, avec tout juste –0,34 et en 2018, avec –2,81%.
Les 3,97% réalisés pour l’exercice sous revue sont fondamentalement satisfaisants, et même très réjouissants compte tenu des circonstances provoquées par la pandémie. Pourtant, ce chiffre a été dépassé à cinq reprises depuis 2011.
Le résultat pour 2020 présente un éventail allant de –6,5% pour la valeur rapportée la moins bonne à 12,3% pour la meilleure.
Si l’on distingue en fonction des catégories de caisses, les institutions de prévoyance des employeurs publics affichent une moyenne de 4,25% (médiane 4,34%) nettement supérieure à celle des caisses privées avec 3,92% (3,93%). Des différences mineures s’observent pour les institutions collectives et communes, avec une moyenne de 3,82% pour les employeurs privés et 3,98% pour les employeurs publics. Ces indications se rapportent à la performance après déduction des frais de gestion de fortune.
La performance de deux tiers des caisses se situe dans un corridor étroit allant de 2,5% à 4,9%, ce qui permet de supposer que leurs stratégies et leur allocation des actifs sont très similaires.
On trouve à peu près autant de caisses ayant pu réaliser un rendement plus élevé que de caisses qui ont pu en obtenir moins, étant précisé que les 10% de caisses ayant la meilleure performance nette ont réalisé au moins un rendement de 5,90%. Les 10% de caisses dont la performance nette est la plus faible se situent à moins de 1,81%. Les distinctions entre les caisses concernées sur le plan de l’allocation des actifs sont détaillées dans la section suivante.
L’illustration représente la différence entre les placements des 10% de caisses ayant enregistré la plus forte performance (en gris) et ceux des 10% de caisses ayant eu la performance la plus faible (en vert).
Ces différences sont étonnamment faibles à première vue. L’écart le plus important s’observe pour les liquidités, ce qui souligne l’importance d’une gestion active des fonds.
Une analyse plus poussée montre que ce n’est pas le montant des placements totaux en obligations, actions et placements alternatifs qui a été déterminant, mais que la différence a été due à la composition entre titres suisses et titres étrangers.
Dans les 10% de caisses ayant la plus forte performance, la part des obligations en monnaies étrangères de 11,0% est de 3,9 points de pourcentage supérieure à celle des caisses ayant la performance la plus faible. Les obligations monde couvertes en CHF ont réalisé 3,90%, alors que les obligations en CHF n’ont atteint que 0,90%.
De même, la part des actions étrangères dans les 10% des meilleures caisses est de 6,6 points de pourcentage plus élevée, avec 21,0% ; dans le même temps, la part d’actions suisses (de 10,4% contre 16,7%) est nettement inférieure à celle du groupe plus faible. Conformément aux rendements indiciels enregistrés en 2020, les actions suisses ont réalisé seulement 3,82% l’an dernier, contre 6,60% pour les actions monde.
On observe également une différence significative dans les placements alternatifs. Ainsi, la part des « autres placements alternatifs », qui inclut notamment la « private debt » et les « cat bonds », est de 2,0% dans les caisses ayant les plus hautes performances, soit 1,7 points de pourcentage de moins que pour les 10% de caisses à la performance la plus faible.
Les résultats présentés dans l’illustration pour la performance moyenne réalisée en fonction du volume de placement confirment que la taille a une influence déterminante sur le potentiel de rendement. Cela se reflète aussi bien dans les résultats actuels pour 2020 que sur une période de dix ans.
Sur la période plus longue avec les mécanismes de lissage correspondants, on observe une augmentation presque linéaire de 4,0% à 4,6% de performance entre les plus petites caisses ayant moins de 50 millions de francs de placement et les plus grandes ayant plus de 1 milliard. Néanmoins, les différences n’évoluent ensuite plus guère entre les caisses qui gèrent 1 milliard, 5 milliards ou davantage.
La comparaison sur un an pour 2020 est davantage marquée par les aléas et l’échantillon actuel. Malgré tout, là aussi, on peut constater une corrélation entre la taille des caisses et le rendement. La différence entre la catégorie des plus petites et celle des plus grandes atteint tout de même 1,1 point de pourcentage.
Quels sont les rendements attendus par les caisses sur la base de la stratégie qu’elles se sont données ? Les chiffres de l’illustration C-5 donnent une idée des perspectives conformément aux expertises actuarielles (sans les frais de gestion de fortune).
Plus d’un tiers est positionné entre 2% et 2,5%. Près de 83% des caisses attendent au maximum 3%, et seule une petite minorité se situe au-dessus.
Les 10% d’IP ayant les valeurs plus faibles attendaient des rendements inférieurs à 1,63%. Les 10% d’IP ayant les valeurs les plus élevées attendaient des rendements d’au moins 3,20%. La médiane des rendements prévisibles est de 2,30%, la moyenne de 2,4%.
La stratégie et le rendement prévisible qui en découle dépendent tant de la propension au risque que de la capacité à prendre des risques, qui est déterminée quant à elle par la structure des actifs et des retraités, par les restructurations prévisibles de l’employeur et par d’autres facteurs encore.
Le rendement recherché est le rendement qui doit être obtenu par une institution de prévoyance en un an afin que le taux de couverture reste constant.
Depuis 2012, les institutions de prévoyance participant à l’enquête ont réussi à abaisser continuellement leur rendement recherché de 3,4% à 1,9% grâce à des adaptations correspondantes de leur financement et sont ainsi pour la première fois restées en dessous de 2%. Ce faible rendement recherché les rend plus robustes et moins vulnérables aux risques de découvert.
Le rendement attendu est plus élevé d’un demi-point de pourcentage, ce qui peut simultanément être interprété comme une mesure de la marge de sécurité courante.