Pendant 20 ans, le taux d’intérêt technique n’a cessé de baisser. Les constantes baisses en cours de cette base de calcul par laquelle les caisses consignent leurs attentes de rendement à long terme sont liées à la phase persistante de taux bas. Le relèvement des taux directeurs a provoqué un changement de tendance : en 2022, le taux d’intérêt technique a à nouveau légèrement progressé.
Cette tendance à la hausse se confirme dans l’enquête actuelle – au moins dans les institutions de prévoyance de droit privé : pour ces caisses, le taux d’intérêt technique a continué à progresser, de 1,52% à 1,55%. Celui des caisses de droit public, quant à lui, a encore une fois légèrement reculé, de 1,75% à 1,73%.
L’inversion du taux d’intérêt technique est un indice net de la très bonne santé des caisses. Quand il augmente, l’évaluation des capitaux de prévoyance diminue. Cela influe positivement sur le taux de couverture, ce qui accroît les perspectives d’améliorations des prestations. Mais l’éventail est large : comme le montrent les analyses détaillées des pages suivantes, toutes les caisses sont loin d’être en mesure de relever le taux d’intérêt technique.
La tendance à la hausse du taux d’intérêt technique se confirme.
Le relèvement des taux techniques dans les caisses de droit privé se manifeste à l’extrémité supérieure de l’échelle : dans plus d’un quart des caisses, le taux d’intérêt technique est désormais de 2% ou plus. L’année précédente, cela n’était le cas que pour une caisse sur cinq.
La moitié des caisses de droit privé gravite autour de la moyenne de 1,55% en affichant des valeurs entre 1,5% et 1,75%. Dans un quart des caisses, le taux technique demeure cependant inférieur à 1,5% et est même parfois négatif, ce qui montre à quel point l’éventail est important. De nombreuses caisses sont manifestement prudentes sur le plan du rendement attendu et attendent l’évolution future.
Dans les caisses de droit public, le taux d’intérêt technique est en moyenne légèrement plus élevé, ce qui tient également à la faible « marge de sécurité » des institutions de prévoyance publiques. En 2023, la moyenne était de 1,73%.
La comparaison entre les quatre catégories de caisses montre que les institutions collectives et communes (ICC) d’employeurs privés, notamment, ont relevé les taux d’intérêt techniques en 2023. La moyenne est passée de 1,68% à 1,77% et se situe donc au-dessus des chiffres des caisses d’employeurs publics, ce qui était rarement le cas jusqu’ici.
Les caisses de pension et les fondations collectives d’employeurs publics ont légèrement abaissé le taux d’intérêt technique, contrairement à la tendance. Mais elles avaient également entrepris des baisses moins fortes ces dernières années et se montrent fondamentalement plus prudentes que les caisses privées sur le plan des attentes de rendement.
Le rôle de précurseur des fondations collectives privées est peu surprenant. Comme ces fondations sont en concurrence les unes avec les autres et doivent se profiler avec leurs prestations, elles figurent aussi parmi les premières à relever leur objectif de prestations à long terme.
Les fondations collectives privées préfèrent relever leur objectif de prestations parce qu’elles sont en concurrence les unes avec les autres.
Rétrospectivement, le revirement de tendance du taux d’intérêt technique s’observe déjà très tôt dans les institutions collectives et communes (ICC) privées : en 2021 déjà, le creux de la vague était atteint. Ces deux dernières années, le taux d’intérêt technique avait déjà progressé de 0,1 point de pourcentage par an pour atteindre 1,77% en 2023. Cela souligne la rapidité avec laquelle les ICC privées réagissent aux fluctuations du marché.
Le relèvement du taux d’intérêt minimum LPP de 1% à 1,25% début 2024 a été contesté, mais les données montrent qu’une rémunération plus élevée des avoirs de vieillesse est à nouveau réaliste pour la plupart des caisses.
La bonne performance des caisses l’année passée ne se traduit pas partout par une rémunération plus élevée. L’éventail reste large : un tiers des caisses de droit privé a servi un intérêt de plus de 3%, un tiers entre 2% et 3% et le dernier tiers moins de 2%.
L’éventail reste large sur le plan de la rémunération.
Alors que les rémunérations inférieures à 1% étaient encore très fréquentes l’an dernier, cela n’est plus que rarement le cas aujourd’hui : pour les caisses de pension d’employeurs privés, la part est tombée de 42% à 16%. À l’extrémité supérieure de l’échelle, on constate une augmentation des parts par rapport à l’année précédente : en 2023, deux fois plus de caisses qu’en 2022 servent une rémunération supérieure à 8%. Le pourcentage a également doublé pour les rémunérations situées entre 4% et 5%.
Dans toutes les catégories d’institutions de prévoyance, les rémunérations sont plus élevées que l’année précédente, qui avait été obérée par de mauvais résultats boursiers. De nombreuses caisses ont répercuté sur les assurés en activité les rendements supérieurs à la moyenne.
La rémunération moyenne est passée de 1,9% à 2,4%. La plus forte hausse est enregistrée par les caisses de pension de droit privé, avec une hausse de 2% à 2,6%. Les institutions collectives et communes (ICC) privées offrent des rémunérations nettement moins élevées que les caisses privées : avec une augmentation de 0,3 point de pourcentage, la rémunération des ICC privées n’a été que légèrement supérieure à celle de l’année précédente, pour se situer à 2,1% en 2023.
La comparaison entre la rémunération annuelle des assurés en activité et le taux d’intérêt minimum LPP en vigueur montre que les caisses ne sont jamais tombées en dessous de la valeur minimale fixée par la loi ces dix dernières années. Les caisses de droit privé ont pu proposer de relever davantage le taux minimum LPP de 1% à 1,25%, alors que les institutions de prévoyance de droit public sont restées bien en phase.
Les assurés en activité sont ceux qui sont le plus affectés par les fortes fluctuations de la performance. Dans les bonnes années boursières, la rémunération est nettement meilleure que dans les mauvaises. C’est ce que montre la récente hausse de la rémunération en raison des rendements élevés.
Comme les années précédentes, les avoirs des assurés en activité ont été à nouveau rémunérés davantage que les rentes. Cela souligne que la redistribution des assurés en activité vers les bénéficiaires de rentes a pu être endiguée. Les actifs profitent à nouveau, surtout pendant les années de bons résultats boursiers.
Les avoirs des assurés actifs ont à nouveau été mieux rémunérés que ceux des retraités.
Les variations sont nettement moins marquées chez les bénéficiaires de rentes : en raison de la garantie des prestations, leur rémunération est largement déconnectée de l’évolution des marchés financiers, mais cela devrait changer. La tendance à des modèles de rentes flexibles et à des versements uniques en lieu et place d’augmentations de rentes à long terme rend leurs prestations davantage tributaires de la performance.